Le bulletin municipal

Publié le par Maxéville, un nouvel élan

Dans un pays démocratique, il serait inconcevable qu’un Conseil municipal gouverne sans proposer au moins le traditionnel bulletin municipal. Mais sous cette expression se cachent de multiples possibilités qui traduisent des conceptions différentes de la démocratie locale. C’est pourquoi nous proposons de décrire ce que pourrait être un bulletin municipal progressiste.

On peut penser qu’un bulletin municipal est partout un bulletin municipal, et donc que Droite et Gauche font partout de même. C’est se tromper, sauf s’il ne s’agissait que d’informer. Le bulletin municipal est une vitrine, un miroir de la conception que l’on a de la vie démocratique municipale. Une consultation rapide révèle immédiatement si l’équipe majoritaire est démocratique et si cette pratique démocratique va loin ou non.

 

1.    Un instrument parmi d’autres

 

11.Le bulletin est un instrument d’information et de communication,  écrite et visuelle (graphique, photographique). Instrument d’information, il peut proposer de l’information descendante venant des élus et des citoyens. Si cette information ne donne jamais lieu dans les pages à des discussions, débats, échanges, ce bulletin n’est pas un instrument de communication. Il le devient précisément dans la confrontation de points de vues.

S’il est instrument de communication, le bulletin repose sur un pacte ou contrat préalable, un code de déontologie qui fixe les limites du « pouvoir dire » en société de citoyens.

Le bulletin municipal progressiste est toujours un instrument de communication contractualisée.

12.Le bulletin est l’un des moyens de communication parmi d’autres. Une municipalité peut déployer une stratégie complète comprenant :

-       en communication écrite : des comptes-rendus de conseil municipal ;  des tracts d’information ; un bulletin municipal régulier ; des publications (brochures, livrets,  livre sur l’histoire de la ville…) ;

-       en communication orale : des réunions d’information descendante, ascendante et mixte ; des débats participatifs ; des jurys citoyens ;

-       en communication audio - visuelle et numérique : radio locale, télévision locale, site Internet et blog.

Le bulletin municipal  progressiste doit donc s’accompagner de nombreux autres instruments de communication écrite et orale et, si possible, d’un site et blog.

 

13.Que la municipalité utilise tout ou partie de ces moyens de communication, il lui faut agir avec cohérence et détermination, ce qui suppose :

-       une ligne éditoriale permanente : c’est-à-dire l’existence de principes fermes gouvernant toutes les actions de communication mises en œuvre ;

-       une ligne esthétique repérable et de qualité : c’est-à-dire la manifestation de choix esthétiques gouvernant, dans les documents écrits, la mise en page et la mise en illustration (schémas, graphiques, photos, dessins), ce que l’on appelle la mise en forme des documents.

Il doit y avoir une ligne éditoriale progressiste, fondée sur la démocratie la plus complète, représentative et participative.

 

2.    Le contenu du bulletin municipal d’information

 

21.   Le contenu d’un bulletin traditionnel (« neutre », « apolitique », strictement informatifpeut se décrire aisément :

-       sa première de couverture comporte le logo de la ville, le titre et la date de parution, le sommaire et l’éditorial du Maire ;

-       son contenu intérieur donne des informations sur les faits et événements concernant, en gros, les rubriques conformes aux intitulés des commissions municipales : Ville, environnement, urbanisme et travaux ; vie associative, culturelle et sportive ; finances, budget ; solidarité et action sociale ; etc…

-       la dernière de couverture donne des informations pratiques jugées nécessaires , dont les informations concernant le directeur de publication, les ayants droits des photos, l’instance de tirage du bulletin, le dépôt légal, le site municipal.

Ce que l’on vient de décrire est bien sûr une sorte de pratique courante, assortie de variations mineures.

 

22.   S’il est conçu ainsi, ce bulletin municipal pose des questions importantes :

-       y a-t-il cohérence dans la notion d’information mise en œuvre ? Par exemple, sous un intitulé du contenu intérieur, distingue-t-on bien ce qui est l’œuvre des  acteurs  citoyens de la vie sociale de ce qui revient à l’équipe municipale ? On peut en effet, volontairement ou pas, mélanger dans la rubrique Vie scolaire ce que les enseignants et personnels ont fait (rentrée des classes, accueil périscolaire, crèche, classe découverte, fête des écoles) et ce que le conseil municipal aurait fait. Et ainsi de suite, pour chaque rubrique..

-       y a-t-il une place pour l’équipe d’opposition et  l’expression adversative dans ce bulletin ? Si l’opposition a moins d’¼ de page pour s’exprimer, il y a un problème évident.

-       Y a-t-il communication démocratique et participative dans ce bulletin ?  A l’évidence, non ! Cette communication signifie : possibilité pour les 2 tendances municipales de s’exprimer et de débattre ; possibilité pour les citoyens de se faire entendre et de débattre.

 

3     Un type de bulletin municipal progressiste

 

31 . Sa ligne éditoriale est progressiste, il est donc fondé sur la communication représentative (les deux tendances y interviennent) et participative (les extra - municipaux, les citoyens, des experts professionnels y interviennent).

-       cela impose un code de déontologie résumé, par exemple, au bas de la première de couverture. Ce code, décidé au consensus par les 2 tendances, repose sur un règlement de publication stipulant notamment ce qui est interdit (attaques personnelles, disqualification, polémique injurieuse, etc).

-       cela impose une distinction très nette, au sein du bulletin,  entre le fonctionnement de la vie municipale  et les événements de la vie sociale de la cité .

-       cela nécessite de laisser intervenir toutes les catégories de la démocratie représentative (groupe  de la majorité et groupe de l’opposition, responsables de commissions municipales) et de la démocratie participative ( extra - municipaux, citoyens, experts professionnels ou non).

-       Cela veut dire  la présence de droits de communication : le droit d’expression de chaque catégorie, le droit de débat contradictoire, le droit d’interpellation (d’un élu par un citoyen) et le droit de suite (limité). C’est le code déontologique qui en précise les conditions et limites.

 

32.  En ce qui concerne la Vie municipale, on peut suggérer le contenu suivant :

-       l’éditorial du Maire garde un statut particulier qui lui vaut la première de couverture ;

-       les responsables de commissions municipales  informent sur le travail municipal en cours et en donnant si besoin est la parole aux extra – municipaux  ;

-       l’opposition  bénéficie d’espace nécessaire  pour s’exprimer.

-       Les citoyens et experts professionnels ont une page pour s’exprimer. Cette expression peut provenir de courriers reçus ou d’interventions sur le site municipal qui sont reprises pour leur intérêt. 

 

33.  En ce qui concerne la Vie de la cité, il est nécessaire de distinguer entre :

-       les multiples informations pratiques que les habitants doivent connaître ;

-       les comptes-rendus de manifestations en tous genres, dont les acteurs ne sont pas forcément ou pas essentiellement les conseillers municipaux.

Il est nécessaire de ne pas mélanger ces deux secteurs de la Vie municipale et de la Vie de la cité, sinon on court le reproche de « récupérer » ce que font les habitants au seul profit de son équipe.

 

34 .  L’information présentée dans le secteur de la Vie municipale doit obéir à un « fil rouge » ou principe de cohérence et de continuité dans le temps. A cet effet, il est suggéré d’avoir toujours en tête le raisonnement suivant : nous avons fait une promesse pour l’élection ; nous sommes à présent à telle étape de sa réalisation ; et nous en appelons à la démocratie participative pour faire l’évaluation de ce que nous faisons, ce qui pourrait nous aider à infléchir, corriger, voire interrompre le processus.

L’équipe qui veut rendre la cohérence de son action perceptible par la population se doit de procéder ainsi. C’est aussi s’obliger à ne pas oublier ses promesses.

 

 

 

                                                                

Publié dans Dossier de société

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L
<br /> Excellente initiative :)<br /> <br /> <br />
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W
<br /> Merci pour la source, effectivement cette analyse provient du forum progressiste 54, je suis membre fondateur de ce groupe de réflexion (un think tank local).Vous trouverez le lien sur la page<br /> d'accueil de ce blog.Il me semble interessant de faire partager l'information et le savoir.<br /> <br /> <br />
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L
<br /> http://www.fp54.fr/index.php/Le-coin-des-pratiques/Culture-et-communication/Le-bulletin-municipal.html<br /> <br /> <br />
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